Saturday, June 14, 2008

Rats et Naufragés potentiels

Si si, malgré mon (long) silence radio, je suis toujours en vie. Alors me direz-vous, que se passe-t-il de beau sur cette île? Et bien que du bon en vérité, en tout cas de l’assez inattendu. Vendredi dernier, c’était Ratting Day : le concept est tout simple mais assez trippant : une chasse aux rats de 24h ! Ça commence le jeudi soir, quand les différentes équipes vont poser les pièges et chasser les rongeurs de nuit avec les chiens. Quelques bières aidant, le froid ne se ressent pas trop, et l’ambiance est bon esprit ! Pas mal de gens dorment sur place (dans leurs huts) pour pouvoirs commencer tôt le vendredi (qui est jour férié officiel, ça ne rigole pas).

Le lendemain donc, on passe surtout la journée à vérifier les pièges (plus de 70 par équipes parfois!), qui sont tous repérés par des petits drapeaux (comme ça on ne risque pas de les louper même après un petit déjeuner brioche bière). Et le soir, vers 18h, c’est le verdict, le jury se réuni (avec le véto, le médecin, le chef de l’île…) et adjuge les prix aux meilleurs : prix pour la plus longue queue, prix pour le plus grand nombre de bestioles par personne… Les meilleurs partent fêter ça avec les lots sous le bras (des packs de bières !), et tout le monde est relativement…disons joyeux !

Maintenant, venons-en à la partie de l’histoire qui finalement étonne quand même pas mal, même après avoir passé des mois…riches en évènements assez imprévus sur l’île. Durant cette même soirée, plusieurs personnes (et qui n’étaient pas ensemble apparemment) ont vu des fusées de détresse tirées entre Inaccessible et Nightingale, les 2 îles voisines. Problème majeur, il n’était pas censé avoir quelqu’un à cet endroit… Vu la distance, il parait peu probable qu’elles aient été tirées de la côté de TdC par des jeunes comiques. Donc bien sûr le radio a essayé de recevoir des messages de détresse, à été à l’écoute des fréquences, mais sans succès. D’après les autorités Sud-Africaines, aucun bateau n’était rapporté manquant…Alors on se dit « il faudrait envoyer le bateau des secours pour aller voir ce qui se passe ». Oui oui, il faudrait. Mais la bonne blague c’est que le port est tellement mal abrité que l’on n’a pas pu mettre un bateau à l’eau depuis une semaine ! Comme on dit ici, s’il y a des naufragés, (et si ils sont vivants), ils pourront toujours manger des pingouins sur place, en plus il y a de l’eau potable. C’est vrai, il n’y a pas lieu de s’inquiéter après tout… Ils risquent juste de trouver le temps un peu long !

Saturday, May 3, 2008

La chasse au bovin / Steer’s hunting

Ici, sur Tristan, quand vient la saison du bœuf, on ne plaisante plus. Ça fait un an qu’on ne mange que du mouton, du poulet ou du porc. Ça va bien un moment ces viandes d’amateur, mais vous comprendrez que c’est du sérieux, et du coup, on sort les grands moyens. Je ne vous apprends rien : le bœuf est un animal féroce, un prédateur redoutable devant lesquels les plus grands chasseurs tremblent. Chasser le mouflon dans nos belles montagnes, le rhino dans la savane, ou le tigre en Asie, ça d’accord, mais le bœuf sur Tristan, vous avouerez que c’est peu commun.
Ça commence comme souvent par l’approche. Longue, difficile et éprouvante. Dangereuse aussi. La proie est parfois à plus de 10 minutes en pick-up du village, et la route peu confortable. Les hommes souffrent, leur visage est fermé par l’appréhension du danger imminent. Une fois l’animal identifié –mais non attend, celui là c’est celui de Gérard, on va pas le flinguer quand même…T’es sûr que c’est pas lui ? Mais ouais, Roger m’a dit qu’il était dans le pré là-bas le nôtre - par les experts, il est grand temps de se mettre à la besogne. Compte tenu du danger extrême que cette chasse comporte, le chasseur se muni –et c’est bien légitime- d’un fusil d’assaut semi-automatique. Il faut bien ça. L’île en est remplie. Après la guerre des Falklands (ou les Malouines comme on dit nous autres les français), l’administrateur de l’époque de TdC a demandé à récupérer des fusils et munitions pour l’île. Donc chaque paisible foyer tristanais a au moins une de ces petites merveilles à disposition. Rassurant. A coté de ça, même les américains sont des petits joueurs.
Mais revenons à notre sujet, voulez-vous bien. Je disais donc, le chasseur a un semi-automatique comme seule défense dans le terrible combat à mort qui va l’opposer au prédateur. On me propose d’abattre l’animal…Ma foi, ça me tente bien, mais voyez-vous, je n’ai jamais utilisé ce genre de machin moi. Il n’y aurait pas moyen au moins de s’entrainer sur une cible avant? Ah bin si, tu peux tirer sur l’âne là bas si tu veux, il faut s’en débarrasser, il mange de l’herbe et ne sert à rien… Ok…je sens que ça va m’aider fortement ça. Un bœuf ou un âne pour un premier tir, ça s’annonce sport. Je choisi le bœuf, pour éviter de louper deux fois la cible et parce qu’il est sensiblement plus gros.
Le problème, c’est qu’il rôde en patrouille, avec la ruse caractéristique des individus de son espèce. Heureusement le second bœuf –appelons le Michel- se souvient brutalement que Chelsea joue Liverpool en quart de final de je ne sais pas trop quel tournoi. Et Michel ne manque jamais un match de Chelsea, même si il doit pour cela laisser tomber son pote. Donc il laisse notre objectif - que nous nommerons Kiki- tout seul. Erreur fatale ! Car le chasseur que je suis y voit un signal, et prend la bête féroce en ligne de mire. Pour une dernière confirmation, je me retourne vers mes collègues…plus personne, ils sont tous planqués derrière une tranchée. Ok, la confiance règne, pas de soucis…Bon, il va falloir y aller, c’est pas le moment de trop réfléchir. Kiki va payer pour tous les autres qui s’amusent à bouser devant ma porte et aussi à platrer les bas de caisse de mon Isuzu depuis 8 mois.
Je presse la gâchette, et là ça fait comme si j’avais appuyé sur un interrupteur ON/OFF. ON, Kiki broute férocement là devant moi, et OFF il meugle un coup et tombe raide. Plus rien. Bigre, c’est puissant cet engin ! Je reste en joue au cas où il faille en remettre une deuxième, mais déjà les gars ont bondi et tranche la gorge de la bête par précaution.
Après, en 20 minutes, le petit team de tristanais enlève la peau, vide et coupe en quartier le bœuf. On voit qu’ils savent comment ça se fait. On charge les quartiers dans la petite remorque, et c’est le retour au village. On lave et laisse la viande refroidir au petit abattoir jusqu’au lendemain matin. En une heure, l’affaire est pliée, dans des petits sachets qu’on distribue à différentes maison du village. Et c’est comme ça qu’on se retrouve en face d’un steak plus long que la poêle…ça c’est de la viande fraiche !

On Tristan, you can find most of the different classical meat: chicken, mutton, pig, and even beef. This is in my opinion the best one. The only point is that you have to wait for quite a while before getting some. Animals are only killed in the beginning of winter time, that is before the grass get smaller again. You cannot miss this opportunity! Killing steer looks more like a hunting safari than a slaughtering experience. In fact, the animal is shot with an assault rifle, semi-automatic one! Most of them come from the Falklands war, and are still pretty good and powerful! The first step is to identify the steer, and I found it pretty difficult. They look all more or less the same. But well, the guys know what they are talking about and found it easily. Time to get started. I get the chance to shoot. Great, but I have never ever used such a weapon. Alright, you can practice with the donkey there if you want, we need to get rid of him anyway. Even better, shooting a donkey and then a steer. No way, so let’s go straight for the steer. It must not be that complicated, so many people are able to kill one each other with this kind of weapon, I should not be much more stupid than they are. I kneel, aim and press the trigger. Nothing, the animal is still looking at me over there. Second try, without the safety this time, it might help. This time is going to be the right one, he is going to payback for all his friends who let big cowpats just in front of my house door! Trigger pressed again. Amazing feeling. Like pressing an ON/OFF switch. Suddenly, he is not standing anymore, eating grass. No, he is down, not moving at all. A deadshot! That went quite easy finally, and surprisingly well! In half an hour, guys have completely remove the skin and cut the steer in quarters. We load them in the small trailer, and it is time to go back to the village again. The meat is then washed and let a night for getting cooler and easier to slaughter. And that is how the next day you get on of this steak, so big it cannot really feet in your plate! Pretty fresh and tasty, believe me! I am on my way for one of this beef-menu week-end!

Sunday, April 6, 2008

Que faire de ces samedis II / What to do on Saturdays part 2

Il y a déjà quelques mois, on faisait du béton et on chargeait des vaches à la pelleteuse pour occuper ses samedis. Mais tout ça voyez-vous, c’est carrément démodé maintenant, il faut savoir vivre avec son temps. Non, en mars et avril, le vrai truc à faire sur Tristan, c’est d’embarquer sur les bateaux de touristes qui font escale. Fin mars, c’est apparemment le moment où les bateaux remontent de leurs visites en Antarctique. C’est perturbant, ça fait presque un bateau par semaine, limite la foule ! Il y a un peu de tout, du voilier rempli d’étudiants d’échange au bateau de luxe plein de vieux riches américains, en passant par le rafiot russe qui inspire pas franchement confiance ou par l’antique trois mâts quasi centenaire. La météo n’est pas toujours très clémente avec eux, mais de temps en temps ils arrivent quand même à débarquer leurs passagers en quête de gazon et de sol qui ne tangue pas. Et embarquent des locaux, soit pour une visite, soit pour une excursion à Nightingale, une des voisines de TdC. J’ai pu y aller sur l’Endeavour, l’un des bateaux du National Geographic, un bien bel engin ma foi. Quoique la moyenne d’âge à bord doit y être de 70 ans et que le billet coûte $25,000. Mais passons ! Hier, j’ai visité l’Europa, trois mâts hollandais de 1911. Là, je vous avoue que je comprends l’intérêt des croisières. Un vrai charme, une ambiance unique à bord, et un équipage de jeunes bien cools, recette qui marche. Je suis arrivé à bord pour le petit déjeuner sur le pont au soleil avec l’équipage, pas désagréable ! Et puis comme les ¾ des gens qui doivent monter à bord, j’ai posé une question du genre « mais c’est qui qui monte tout en haut du mât mettre le drapeau? », le genre de truc à ne pas dire. Une question de benêt quoi…Bref, ce qui devait arriver arriva, et je me suis retrouver tout en haut du mât à me demander si mon assurance rapatriement me couvrirait si cette échelle qui bouge quand même beaucoup venait à lâcher. Mais on me rassure, c’est normal. Ah bon, si c’est normal alors, pas lieu de s’inquiéter. Ils sont marrants ces marins : toujours grimper dans le vent, comme ça si on tombe, on ne passe pas par-dessus bord. Quand on y pense, c’est logique : on n’a pas à repêcher le corps dans l’eau, il est déjà sur le pont, ça simplifie nettement la tâche des survivants. On sent les années de pratique. Après deux ou trois sessions émotions à aider à ranger des voiles, on n’est pas si mécontent de retrouver les autres en bas ! Belle expérience en tout cas ! Si ça vous intéresse, le voyage Ushuaia-Antarctique-Géorgie du Sud-Tristan-le Cap dure 54 jours et coûte 5000€. Pas si cher quand on y pense… Le site de l’Europa : www.barkeuropa.com.


You may remember, quite a while ago already, I presented you w

hat to do on Saturdays on TdC: at this time, making concrete and playing with the JCB was in. But nowadays, this is definitely out. The top in March and beginning of April is to get aboard on of the tourists ships that are visiting the island. Most of them are coming back from Antarctica. People are not always able to go ashore, as TdC weather is starting to be a bit rougher now. But when it happens, you can also get a chance to go on the ship. So

metimes you can join a team of local guides and enjoy the trip to Nightingale, great! I went there with the Endeavour, a nice ship from the National Geographic. Or, even better, you can visit an old bark, the Europa for example, with her three lofty masts. She arrived yesterday, and on this kind of ship, I can really understand the interest of going for a cruise. Imagine yourself for 50 days or more, sailing from Ushuaia to Antarctica and so one? That must be pretty cool! And you are not only sitting and relaxing on your cabin, you can help the crew to manoeuvre the vessel. I had the

chance to get a crash course, going at the top of the mast, unforgettable (some 30 meters above the deck)! The way up is a bit bumpy, the real difficult point is the ship movement, does not really help to feel safe! But I guess you get used to like everything else.

Th

e atmos

phere o

nboard is great, like a old and stylish brit indoor, old shiny wood, low roofed… No fancy equipments, no big lounge, only small and cosy places. The crew is pretty young and friendly, you can see they are clearly enjoying their jobs. And actually I can understand it easily! The webpage is worth to have a look at: www.barkeuropa.com.

Sunday, March 23, 2008

Pic/Peak


Il faut bien le reconnaître, je commençais à croire que jamais je n’arriverai à monter sur ce gros tas de cailloux au milieu de la flotte…Au début, en jeune savoyard fraichement revenu des Himalayas que j’étais, je m’étais dis que j’allais me faire ça tranquille tout seul un beau jour. C’était quand même as une grosse colline qui allait me narguer, non ? Mais voilà, ça ne marche pas comme ça ici. On ne monte pas au pic sans un guide, c’est comme ça et pas autrement. D’autant plus que vu la forme du cône, une petite erreur d’orientation au sommet vous fait arriver bien loin du point visé à la descente. Alors une fois le guide trouvé, il ne restait plus qu’à trouver le jour. Et mercredi dernier, ça a été le jour. Beau temps, bien qu’un peu venté au début, mais rien de bien méchant.
Au programme donc une belle rando de quand même 2000m de dénivelée positive, et à priori à peu près autant en négatif. Ce qui nous amène à 5h de montée, je vous avouerais que sur la fin, les cuisses commençaient à chauffer, faut le reconnaître. Mais l’ascension vaut le coup, largement le coup même ! D’en haut, malgré les nuages un peu accrochés au relief, la vue est assez troublante : que du bleu, l’océan et le ciel, et…rien. Si, Nightingale et Inaccessible les 2 îles voisines, mais sinon rien. Panorama assez similaire à celui en avion quand on traverse l’Atlantique finalement. La mare logée dans le creux du cratère ajoute un petit côté magique à l’ensemble : elle est en forme de cœur, mignon tout plein, parfait pour les lovers !
La descente a été expédiée en 2 heures, grâce à la fameuse technique de la ramasse et de la course comme des demeurés dans les talus. Mais le plus dur physiquement nous attendait au village : voilà, on ne revient pas du pic comme ça en disant « bon merci c’était sympa, à plus les gars! » ni même avec le typique « all right, catch you later buddy ». Non non non, ça serait trop facile, on pourrait récupérer ! Il faut arroser cette victoire sur la dénivelée comme il se doit, en hommes. Mais le gros souci ici, c’est que quand on commence un pack de bière, apparemment on ne peut pas s’en aller avant qu’il soit terminé. Ce n’est pas convenable, et ça mettrait mal à l’aise ses hôtes. Impensable. Donc, en digne représentant de notre beau pays, j’ai commencé par 1l/personne chez Jason (un tristanais de 15 ans, première au pic). Rafraichissant. On enchaine directement chez Martin (le guide), la même ration pour ne pas être en reste. Tout en sachant très bien que manger serait tricher. Rendez-vous est pris au pub pour la soirée, pour finir les choses dans les règles de l’art. C’est chose faite, et croyez moi, le réveil le lendemain a été délicat, tant pour les jambes que pour la tête !

I was starting to consider that I would never have the chance to make my way to the peak of Tristan. But never say never, and one fine Wednesday, it finally happened. It was actually not easy to get all the conditions required in the same day: no urgent or unscheduled job for me, day off for the guide, nice and steady weather. But we managed at the end of the day. Starting at 7AM, we reach the summit some 5 hours later and 2000 metres higher. Amazing walk, starting in the cliff behind the village, going on the Base plateau, and finishing on the ridges of the gulches to the very top. The view from there is quite amazing, even if it was a bit foggy or cloudy, depends how you look at it. Still, the shape of the island is made in such a way that you do not see the bottom when you are at the top. Strange feeling, being surrounded by blue all around. Blue the sky, blue the ocean, blue the mix between both elements. And for the lovers, you get the pond in the middle of the crater, with this great heart shape, worth to have a look at! Going down then was less painful than coming up: indeed, the gravels that made your ascension difficult (2 steps forward, one step back) are finally helpful and just carry you down running, cool feeling! So 2 hours later only, we were back in the settlement for the final (and not the easiest) challenge: the after peak procedure! It makes sense to have a fresh beer after this long day. Or even couple of! As you all know, eating is cheating (as you are drinking), so it became quite complicated when we quitted the pub couple of hours after! The next morning, if legs were not too good, brains were not much operational neither!

Anyway, thanks very much Martin for this great day!

Wednesday, March 5, 2008

Des pâtes et du ciment


L’arrivée d’un bateau sur TdC, ça signifie généralement un renouvellement du stock au supermarché, une bonne bouffée d’air pour les rayons qui ont subit les assauts des 270 habitants de l’île, souvent pendant plusieurs mois d’affilée. Mais cette fois, avec l’arrivée des Marines qui viennent réparer le port, on frôle l’abondance ! Imaginez plutôt : il y a même des pâtes en rayon ! Alors bien sûr, ça ne vous parait pas particulièrement extravagant, pas vrai ? Détrompez-vous, c’est une petite bénédiction pour les célibataires comme moi forcés de cuisiner le soir, sans inspiration aucune. Depuis mi novembre, plus moyen de trouver des pâtes au supermarché. Rien, pas un paquet. Même pas des pâtes pour soupe, rien je vous dis. Juste un petit papier « sorry, we ran out of pastas » sur une grande étagère décidément bien vide. Sacré sens de l’humour, on l’aura noté. Pendant 3 mois et demi, cette petite phrase m’a nargué. Une fois un « oubli » du fournisseur, une fois une caisse qui arrive trop tard pour le bateau au départ du Cap, et nous voilà début mars… Alors bien sûr les locaux, et ma cuisinière la première ne se sont pas laissé avoir par un piège aussi grossier ! La bonne blague, on n’est pas né de la dernière pluie ici ! Faire des réserves et le « on ne sait jamais » prennent tout leur sens sur Tristan…Faire un stock de pâtes pour 3 mois n’étonne personne, pas plus en tout cas que d’acheter 60 rouleaux de PQ en une fois. On sent bien qu’ils ont intégré le paramètre pénurie depuis longtemps, voire depuis le début de la Communauté. En gros, l’idée c’est de« prendre tant qu’il y a ».

L’autre marchandise que l’île a maintenant à la pelle, c’est le ciment. Les marines et leur bateau le Lyme Bay en ont apporté 400 tonnes (eux aussi, ils se sont dit « on ne sait jamais »).

C’est vrai que ça ferait désordre de devoir faire un aller-retour si on venait à en manquer… Avec ça, ils devraient avoir de quoi faire pour consolider la digue fatiguée du petit port. Fin des travaux prévue à la fin du mois. En attendant, ça vaut le détour de voir le début de ce chantier, le débarquement des engins de chantier et de tomber tous les matins sur ce gros bateau (tout neuf s’il vous plait, la NAVY ne se moque pas de TdC) qui mouille juste devant le village ! Je n’arrive pas encore trop à m’y faire…

Tuesday, February 19, 2008

Les choix / Choices

Je me souviens assez bien, il n’y a pas si longtemps de ça, je n’étais encore qu’un stagiaire, mais déjà mon bureau ressemblait à ça :

Et oui, c’était prometteur… 21 ans, déjà dans le siège social d’une grande multinationale en Allemagne, mes parents se disaient sûrement « il ira loin ce petit vintchieu !(car mes parents habitent en Savoie, et c’est bien connu, tout le monde en Savoie dit Vintchieu). Bref. C’était la classe quoi, costards chics pour ces messieurs, tailleurs pour ces demoiselles et ces dames. Elégance et distinction, je dirai même luxe calme et volupté (si si, n’ayons pas peur d’employer des références quelque peu surannées). On donnait alors dans le Hugo Boss et le CK, et c’était bien normal, car on était de la haute. Et oui, il s’agissait de ne pas faire les choses à moitié. Dans le garage du batiment, on alignait bien proprement et consciencieusement Porsche et autres Mercedes. Toujours de ce temps là, on m’appelait Herr Mochet, ou plutôt avec l’accent ça faisait Herr MoRé. Il y avait du respect dans l’air, croyez-moi, ça filait droit.

Et puis, un an et demi plus tard, alors que - notez bien – je suis maintenant ingénieur pour de vrai, voilà à quoi ressemble mon bureau :

Vous en conviendrez, c’est pas la même comme on dit chez nous, dans la plus belle région du monde. Alors, la question c’est « que s’est-il passé ? »… Car maintenant, le Gore tex et le ciré jaune ont remplacés le pardessus, les élégants souliers en cuir ont fait place aux tongues et autres baskets, les bermudas permettent à mes jambes de bronzer, alors qu’avant, pas possible dans les pantalons de costume. Et puis, on ne m’appelle plus Herr Mochet…ça non…Même pas Mister Mochet. Des fois boss, mais c’est pas franchement dit sur un ton convaincant… C’est plus Clement tout court (enfin Clémènte avec l’accent), Clem, Buddy voire même french fellow.

Alors, je vous le demande à nouveau: mais que s’est-il donc passé ?

Et bien la réponse est toute simple : ce sont les choix, mes choix pour être précis qui m’ont conduit ici…Et sincèrement, je ne vois vraiment pas comment je pourrais regretter le chemin parcouru !



I can still remember, not so long ago, I was only a trainee but my office was looking like this :


It was in Germany, in the Headquarters of a very big company. The dress code was pretty strict, people were looking smart and casual, and I was called Herr Mochet.
Today, well… Today, things have changed. Now, even if I am a so called “real engineer”, my office looks more like that:


Yeah, I know, not even an electrical light… There is no dress code, flip flops and short pants are considered as suitable for the day to day life (I try to do a bit better for the Head of Department Meetings, I swear!). And everybody call my Clement, Clem, Buddy or even French fellow… tss tss, no respect anymore… such a shame!
So tell me, tell me how it is possible in one year and a half to go from there to here?
The answer is pretty easy: by making my own choices. And believe me or not, I feel pretty comfortable with my decisions!

Sunday, February 17, 2008

SSDD (Same Shit, Different Day)

L’avantage à Tristan, c’est qu’on a rarement le temps de s’ennuyer. Je sais que je vous apporte la nouvelle avec un retard certain, mais il se trouve que la situation a été un peu tumultueuse ces derniers jours. Je m’explique : Mercredi matin (très matin même, aux alentours de 4h00), la conserverie (factory comme on dit ici) a pris feu, pour une raison indéterminée. Compte tenu du vent qu’il y avait alors, rien n’a pu arrêter ou ralentir la progression du feu à tout le bâtiment, et surtout pas la petite citerne sur remorque des pompiers de l’île. Au matin, le bilan était amer. Outre l’outil de production numéro un de l’île complètement détruit, toute l’île s’est retrouvée sans électricité : tous les générateurs étaient installés dans le hangar en question. Par un genre de miracle, un autre générateur en container était arrivé sur l’île quelques mois auparavant (au cas où, on ne sait jamais). Et bien maintenant on sait !

Donc les techniciens se sont mis au travail pour démarrer ce nouveau groupe providentiel. Des mesures restrictives ont été mises en place par le conseil des chefs de départements. Electricité de 7h00 jusqu’à 18h00. Et puis, comme tout avait l’air de tenir le coup, 1 jour, 2 jours, on a augmenté le temps de production. Et premier incident : surchauffe du groupe dans la soirée. C’était trop beau, trop stable et simple pour durer…Le lendemain (hier), c’est après 1 heure seulement que le générateur a stoppé. Toute la journée, les gars ont essayé de réparer, de remplacer, de corriger, sans succès. 24 heures de black out. Au programme, café sur le gaz et soirée aux bougies. Ce matin, dimanche, on reprend les mêmes et on recommence ! Vers 12h30 enfin, le problème semble être enfin identifié et corrigé. Heureusement, car pendant ce temps, le supermarché a dû rouvrir exceptionnellement pour les locaux qui achetaient en masse de sacs de sel, pour protéger le contenu des congélos : au bout de plus de 24h en apnée d’électricité, ils avaient tendance à tourner de l’œil...

Tant bien que mal, revoilà donc la petite île de nouveau à flots. Personne ne sait vraiment pour combien de temps, tout le monde croise les doigts, et ça risque de durer un moment…Dans le meilleur des cas, le premier groupe électrogène qui arrivera sur l’île sera à la fin du mois…2 petites semaines donc. Ça va être un peu tendu ! Ceci dit, les locaux prennent leur mal en patience, on voit qu’ils en ont vu d’autres. On plaisantait même hier autour du générateur malade, entre techniciens après plus de 12h de maintenance non stop, en voyant une vache passer en meuglant juste à côté : « elle au moins, elle marche encore, c’est toujours ça ! »… Philosophes les Tristanais ! En même temps, on ne leur laisse pas franchement d’autres possibilités!

Photos sur l’incendie sur www.tristandc.com

If you have already had a look at the news on www.tristandc.com, you know what I am talking about when I say a major incident has happened on Tristan this week. Wednesday morning, around 4:00AM, the fire bell of the village rang. The factory was on fire, for some unexpected and unexplained reasons However, the wind was far too strong to be fought, so that all the building has been destroyed. And in the middle of the burned aluminium sheets, stands all the generators of the island, destroyed too. Situation was serious, considering that the first help was some 7 days away. Fortunately, the island has couple of back up generators: like one for the hospital, which has also been used from time to time to supply the big freezers of the supermarket, and the Administration Building. And another big one, protected in a container, able to take all the load of the village without any problem. So it has been connected and started without too much problems. The situation was under control, even if power was shut down at 6:00PM for conservative issue (there is no back up after the back up!). But soon, as Murphy was probably coming back from holidays and wanted to test his law again, the back up generator appears to be too hot, and stopped itself on Friday evening. The next day, same problem, but after a very short period of use. The technicians have then spent their Saturday searching for some potential problems, but in the evening, the engine was still quiet.

So after a good and quiet night (imagine how quiet the remotest island the world can be without electricity!), the same guys started this morning, helped by some guidelines from Cape Town and from the generator’s engineers in Germany. Around midday, as locals were about to buy salt for saving the food of the freezers, the engine was started again. Back on track, back to normal…as normal as it can be! Let’s keep optimistic! In two weeks time, a new generator should arrive here, and release a bit the pressure that is on the single one now!

More info and pictures on the TdC web page.


Edinburgh of the Seven Seas