Saturday, May 3, 2008

La chasse au bovin / Steer’s hunting

Ici, sur Tristan, quand vient la saison du bœuf, on ne plaisante plus. Ça fait un an qu’on ne mange que du mouton, du poulet ou du porc. Ça va bien un moment ces viandes d’amateur, mais vous comprendrez que c’est du sérieux, et du coup, on sort les grands moyens. Je ne vous apprends rien : le bœuf est un animal féroce, un prédateur redoutable devant lesquels les plus grands chasseurs tremblent. Chasser le mouflon dans nos belles montagnes, le rhino dans la savane, ou le tigre en Asie, ça d’accord, mais le bœuf sur Tristan, vous avouerez que c’est peu commun.
Ça commence comme souvent par l’approche. Longue, difficile et éprouvante. Dangereuse aussi. La proie est parfois à plus de 10 minutes en pick-up du village, et la route peu confortable. Les hommes souffrent, leur visage est fermé par l’appréhension du danger imminent. Une fois l’animal identifié –mais non attend, celui là c’est celui de Gérard, on va pas le flinguer quand même…T’es sûr que c’est pas lui ? Mais ouais, Roger m’a dit qu’il était dans le pré là-bas le nôtre - par les experts, il est grand temps de se mettre à la besogne. Compte tenu du danger extrême que cette chasse comporte, le chasseur se muni –et c’est bien légitime- d’un fusil d’assaut semi-automatique. Il faut bien ça. L’île en est remplie. Après la guerre des Falklands (ou les Malouines comme on dit nous autres les français), l’administrateur de l’époque de TdC a demandé à récupérer des fusils et munitions pour l’île. Donc chaque paisible foyer tristanais a au moins une de ces petites merveilles à disposition. Rassurant. A coté de ça, même les américains sont des petits joueurs.
Mais revenons à notre sujet, voulez-vous bien. Je disais donc, le chasseur a un semi-automatique comme seule défense dans le terrible combat à mort qui va l’opposer au prédateur. On me propose d’abattre l’animal…Ma foi, ça me tente bien, mais voyez-vous, je n’ai jamais utilisé ce genre de machin moi. Il n’y aurait pas moyen au moins de s’entrainer sur une cible avant? Ah bin si, tu peux tirer sur l’âne là bas si tu veux, il faut s’en débarrasser, il mange de l’herbe et ne sert à rien… Ok…je sens que ça va m’aider fortement ça. Un bœuf ou un âne pour un premier tir, ça s’annonce sport. Je choisi le bœuf, pour éviter de louper deux fois la cible et parce qu’il est sensiblement plus gros.
Le problème, c’est qu’il rôde en patrouille, avec la ruse caractéristique des individus de son espèce. Heureusement le second bœuf –appelons le Michel- se souvient brutalement que Chelsea joue Liverpool en quart de final de je ne sais pas trop quel tournoi. Et Michel ne manque jamais un match de Chelsea, même si il doit pour cela laisser tomber son pote. Donc il laisse notre objectif - que nous nommerons Kiki- tout seul. Erreur fatale ! Car le chasseur que je suis y voit un signal, et prend la bête féroce en ligne de mire. Pour une dernière confirmation, je me retourne vers mes collègues…plus personne, ils sont tous planqués derrière une tranchée. Ok, la confiance règne, pas de soucis…Bon, il va falloir y aller, c’est pas le moment de trop réfléchir. Kiki va payer pour tous les autres qui s’amusent à bouser devant ma porte et aussi à platrer les bas de caisse de mon Isuzu depuis 8 mois.
Je presse la gâchette, et là ça fait comme si j’avais appuyé sur un interrupteur ON/OFF. ON, Kiki broute férocement là devant moi, et OFF il meugle un coup et tombe raide. Plus rien. Bigre, c’est puissant cet engin ! Je reste en joue au cas où il faille en remettre une deuxième, mais déjà les gars ont bondi et tranche la gorge de la bête par précaution.
Après, en 20 minutes, le petit team de tristanais enlève la peau, vide et coupe en quartier le bœuf. On voit qu’ils savent comment ça se fait. On charge les quartiers dans la petite remorque, et c’est le retour au village. On lave et laisse la viande refroidir au petit abattoir jusqu’au lendemain matin. En une heure, l’affaire est pliée, dans des petits sachets qu’on distribue à différentes maison du village. Et c’est comme ça qu’on se retrouve en face d’un steak plus long que la poêle…ça c’est de la viande fraiche !

On Tristan, you can find most of the different classical meat: chicken, mutton, pig, and even beef. This is in my opinion the best one. The only point is that you have to wait for quite a while before getting some. Animals are only killed in the beginning of winter time, that is before the grass get smaller again. You cannot miss this opportunity! Killing steer looks more like a hunting safari than a slaughtering experience. In fact, the animal is shot with an assault rifle, semi-automatic one! Most of them come from the Falklands war, and are still pretty good and powerful! The first step is to identify the steer, and I found it pretty difficult. They look all more or less the same. But well, the guys know what they are talking about and found it easily. Time to get started. I get the chance to shoot. Great, but I have never ever used such a weapon. Alright, you can practice with the donkey there if you want, we need to get rid of him anyway. Even better, shooting a donkey and then a steer. No way, so let’s go straight for the steer. It must not be that complicated, so many people are able to kill one each other with this kind of weapon, I should not be much more stupid than they are. I kneel, aim and press the trigger. Nothing, the animal is still looking at me over there. Second try, without the safety this time, it might help. This time is going to be the right one, he is going to payback for all his friends who let big cowpats just in front of my house door! Trigger pressed again. Amazing feeling. Like pressing an ON/OFF switch. Suddenly, he is not standing anymore, eating grass. No, he is down, not moving at all. A deadshot! That went quite easy finally, and surprisingly well! In half an hour, guys have completely remove the skin and cut the steer in quarters. We load them in the small trailer, and it is time to go back to the village again. The meat is then washed and let a night for getting cooler and easier to slaughter. And that is how the next day you get on of this steak, so big it cannot really feet in your plate! Pretty fresh and tasty, believe me! I am on my way for one of this beef-menu week-end!

4 comments:

Anonymous said...

Salut ptit clem !
Alors là je pense qu'il est temps que tu rentres au pays...la dégénérescence se fait sentir ! Tu dois vraiment commencer à t'ennuyer pour écrire un roman pareil, tu trip vraiment là ! C'est quand même triste pour cette pauvre bête je trouve...tu te rends compte de ce que tu as fait !!! Bon sinon, la forme ? c'est pour quand le retour ? Envoyes moi quelques news si t'as 5 min. Biz Pé

damien said...

C'est un SSSSCCCCAAANNDALE !!!

Massacrer ainsi un animal sans défense ! ah c'est du beau ! De mon temps c'était pas la même ! On chassait la beste aux méthodes ancestrales, mais oui ! Technique dite du piège à fauve traditionnel : creuser une fosse de 3 bon mètres de profondeur. Une pelleteuse fera l'affaire. Recouvrir de branchage, une main d'oeuvre exploitée à bas coût et corvéable à merci fera l'affaire. On se pose et on attend. Intrigué par tout ce bordel, un boeuf de fort belle taille ne tardera pas à venir voir ce qui se passe. Au besoin, on pourra le faire tirer jusque là (utiliser le même truchement que pour les branchages). L'attente est insoutenable et la tension nerveuse atteint son paroxysme ! Pour finir, après une bonne poussée s'il le faut, le beuf finit dans le trou. Et là la mise à mort traditionnelle bien de nos campagnes bretonnes : une bonne grenade dégoupillée suffira. Et pouf le boeuf a disparu ! Attention, si vous préférez manger le boeuf dans l'asssiette plutôt que de lêcher les parois terreuses de la fosse, une autre technique devra être expérimentée. Mais non recommandée par les anciens, elle n'a que peu de chance d'aboutir. En attendant la méthode préconisée ici, est encore celle qui laisse le plus de chance à l'animal.

Merci M. Ecolo !

Sergio said...

mmmm, I thought you had learnt to cook better since we lived together... I see that you still need some lessons from spanish chefs. Good to see that you are alive!

Unknown said...

salut, bon shot,et bon appétit,
a bientot,
jeanot du cap


Edinburgh of the Seven Seas